Qu’est ce que la dépression? Podcast RCF – 2019

Catherine Belzung, neurobiologiste, professeur à l’université de Tours, responsable de la structure de recherche de l’Inserm « Imagerie et Cerveau » à Tours, lève le voile sur la dépression à travers des podcasts diffusés sur RCF en octobre et novembre 2019.

« Souvent les gens culpabilisent d’être déprimés parce que notre société actuelle nous met un petit peu dans l’injonction d’être heureux… on a en fait oublié que ce n’est pas du tout ça la normalité : la normalité c’est que nous avons des fluctuations, que nous ne sommes pas stables… » S’il est normal d’avoir des moments de tristesse, qu’est-ce donc que la dépression ? Comment faire la différence avec une déprime passagère ? Selon l’Organisation mondiale de la Santé ( OMS), le nombre de dépressions a augmenté de 20% en 10 ans (entre 2005 et 2015). On pense qu’elle touchera une personne sur cinq ou six au cours de sa vie. La neurobiologiste Catherine Belzung nous aide à mieux comprendre cette maladie.

On a pu montrer chez les personnes dépressives « une altération de la perception, de l’attention et de la mémoire vers le négatif ».

COMMENT SAVOIR SI ON EST DÉPRESSIF ?

Les deux principaux symptômes de la dépression sont la tristesse et l’anhédonie, c’est-à-dire « la perte de la capacité à éprouver du plaisir ». Ajouté à cela, une augmentation ou une perte d’appétit, une insomnie ou une hypersomnie, des pensées de mort, des tentatives de suicide. Car la dépression est « multiforme » et d’intensité variable. 

Si on ne peut pas diagnostiquer la dépression grâce à une prise de sang par exemple, c’est « une véritable maladie », nous dit Catherine Belzung. « La dépression est une vraie maladie, qui objectivement existe, qui est associée à des anomalies cérébrales, des anomalies hormonales… Même s’il n’y a pas un biomarqueur qui permet de dire si untel est déprimé, c’est associé à toute une série de modifications biologiques. » Une maladie, rappelons-le, qui est aussi mortelle, puisque « 15% des personnes atteintes de dépression se suicident« .
 

QUE FAIRE POUR PRÉVENIR LA DÉPRESSION ? 

« Comme souvent en ce qui concerne les maladies psychiatriques, dont la dépression fait partie, les patients vont consulter quand ils sont dans un état extrême. » Plus on se préoccupe tôt des symptômes, plus la maladie sera facile à prendre en charge. Parmi les symptômes auxquels prêter attention : une attention portée exclusivement sur ce qui est négatif. On a pu montrer en effet chez les personnes dépressives « une altération de la perception, de l’attention et de la mémoire vers le négatif « . Ainsi, en plus d’une consultation médicale, on pourra par exemple tenir des cahiers de gratitude, ce qui « va obliger les personnes à se concentrer sur le positif ».

D’autre part, l’activité physique peut permettre d’estomper l’état dépressif en « remettant en route des mécanismes cérébraux détériorés ». L’activité physique atténue également les effets néfastes de la dépression : chez les personnes dépressives en effet le risque de maladie cardiovasculaire, de diabète ou de pathologies inflammatoires est plus élevé.
 

LA DÉPRESSION EST-ELLE LA MALADIE DES PAYS RICHES ?

« On trouve la dépression dans toutes les cultures », explique Catherine Belzung, qui a vécu parmi les populations touareg dans des tentes au milieu du désert, et dont « on ne peut pas dire qu’elles vivent la vie stressante des sociétés post-industrielles. Dans toutes les cultures, la dépression est « augmentée par le stress ». « Le stress multiplie par 10 le risque de développer une dépression. »

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