Je vous propose 2 podcasts :
- le premier dure 52 minutes et a été diffusé le 27 octobre 2020 dans Grand bien vous fasse sur France Inter. Il est intitulé La colère est-elle toujours mauvaise conseillère ?
https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-27-octobre-2020
avec
Stéphanie Hahusseau, psychiatre, Tristesse, peur, colère et son dernier livre Comment ne plus subir ed.Odile Jacob
Aïda N’Diaye, professeure de philo
Didier Pleux, psychologue, Exprimer sa colère sans perdre le contrôle et son dernier livre La révolution du divan ed.Odile jacob
- le second dure 48 minutes et a été mis en ligne le 13 avril 2020 par Cyrielle Bedu qui publie tous les lundis un podcast sur le thème des émotions.
https://louiemedia.com/emotions/2020/4/11/la-colre-est-elle-vraiment-mauvaise-conseillre-
avec
Sophie qui s’est longtemps considérée comme une personne colérique, ainsi que la militante féministe Caroline de Haas qui fait de la colère le moteur de son action politique.
Didier Grandjean, professeur en neuropsychologie,
Salomon Nasielski, psychothérapeute, qui organise tous les ans des ateliers pour comprendre la colère,
Eric Gagnon, sociologue qui a écrit le livre Éclats : figures de la colère, qui s’intéresse aux représentations de la colère dans la littérature, la philosophie, l’art et l’histoire.
Quelques extraits de ces deux podcasts :
Il existe différents types de colères :
- « Orgè » : c’est la colère positive. C’est l’émotion contre l’injustice qui pousse à l’action.
- « Thymos » : c’est la colère négative. C’est l’excès d’humeur. Irrationnelle, elle est associée à un dysfonctionnement, à une perte de contrôle de soi.
La colère fait partie de l’équilibre émotionnel. Quand elle n’est pas irrationnelle, elle nous protège et nous indique un dysfonctionnement dans le contexte dans lequel nous évoluons.
Réguler la colère , c’est accepter de la ressentir physiquement.
Lorsque l’on montre de la colère au bon moment dans un conflit, cela impacte positivement la situation.
Cela met en lumière les limites de ce qui est acceptable pour une personne. Si la colère est bien utilisée, elle permet de réguler une interaction sans passer à l’agression et incite les personnes en présence à modifier leurs comportements.
Salomon Nasielski organise des ateliers pour le bon usage de la colère, pour dé-diaboliser la colère afin de ne pas culpabiliser ou de ne pas être gêné par cette émotion.
Pour lui, il existe une confusion entre colère et rage.
La colère est à considérer comme un signal émotionnel : il n’y a aucune raison d’entrer dans l’extrême version de la colère qu’est la rage si on écoute le signal lorsqu’il est émit. Le signal de la colère a une fonction utile, constructive. Il indique qu’il y a eu un manque de respect, de considération. Il importe d’identifier le comportement à mon égard qui ne me satisfait pas. En tenant compte de ce signal, on évite d’entrer dans l’état de rage.
La colère se focalise une chose tandis que la rage (qui est le stade supérieur d’une colère qui n’a pas été accueillie et régulée) se focalise sur une personne. Dans l’état de rage, on a perdu le contact avec la cause de la colère initiale.
Aussi, pour éviter de passer du stade de la colère au stade de la rage, il est important d’émettre des demandes pour que cette indignation soit prise en compte et que la personne change son comportement. Au delà des reproches, il convient de verbaliser une demande qui se termine par « Je te demande de cesser de faire cela. Vas tu le faire? »
Quand quelqu’un fait quelque chose qui me déplaît, c’est moi qui me met en colère. L’autre n’a pas le pouvoir sur moi. C’est moi qui ai le pouvoir de faire quelque chose de ma colère, qui est de l’ordre de la réparation, pour ne pas aller vers la rage.
Si l’autre ne respecte pas la demande, si ma colère n’est pas productive de changements, il convient alors de prendre ses distances pour préserver sa santé mentale.
Face à la colère, il est possible de s’octroyer une « pause », pendant laquelle on va s’isoler, faire quelques exercices de respiration, pour accueillir l’émotion et prendre le temps de la comprendre.
La colère, c’est aussi cette sensation, cette tempête qui monte dans le ventre, et qui peut permettre de passer à l’action, de faire entendre sa voix. Comme pour la militante féministe Caroline de Haas qui fait de la colère le moteur de son action politique. Elle fait de sa colère un réservoir d’énergie permanent. La sécrétion d’adrénaline amenée par la colère peut faire passer à l’action positivement. Elle a même un potentiel fédérateur et régulateur de la société. C’est son action avec un impact sur le réel qui apaise la colère.
A noter que les discriminations sociétales font que les colères d’un homme, d’une femme, d’une personne influente ou peu influente… n’ont pas la même valeur et le même impact.