Les émotions : à quoi servent-elles ?

Sources : Futura Santé – 7 juillet 2020 et « C’est pas sorcier »

Avant tout, quatre pistes de réflexion pour mieux accueillir et mieux vivre ses émotions :

1/ Les émotions ne sont ni négatives ni positives. En revanche, elles ont une tonalité : agréables ou désagréablesElles sont indispensables à la prise des décisions.

2/ Toute émotion est éphémère, elle s’épuise naturellement. Ce qui n’est pas le cas du sentiment qui peut parfois durer toute une vie.

3/ L’accueil et la reconnaissance des émotions renforcent son estime de soi et sa confiance en soi. Le maître-mot pour aider les enfants à gérer leurs émotions est l’empathie (qui passe par l’écoute et la bienveillance).

4/ Verbaliser un ressenti désagréable permet d’en réduire la pression et de l’estomper plus rapidement : « J’éprouve de la tristesse », « j’éprouve de la colère ». Nier une émotion est dangereux car elle peut resurgir avec plus d’intensité plus tard.

L’émotion est une réaction face à un élément déclencheur, elle ne doit pas être confondue avec la sensation, qui est une perception sensorielle, ni avec le sentiment, qui ne présentera pas de manifestations physiques, néanmoins ces deux dernières peuvent provoquer des émotions.

Qu’est-ce qu’une émotion ? À quoi sert-elle ? La définition même fait débat et la question est complexe. Toutefois, six caractéristiques primaires et universellement partagées peuvent se distinguer : la joie, la peur, la tristesse, la colère, la surprise et le dégoût, elles-mêmes déclinées en émotions secondaires. La gamme des émotions est très large. Et toutes ont un sens et une histoire qui leur sont propres. Il est essentiel d’être à leur écoute pour les reconnaître et mieux les gérer mais aussi mieux comprendre les autres et réagir de façon adaptée.

© Maxim Malevich, Adobe Stock

© Maxim Malevich, Adobe Stock 

Quels sont les signes de l’émotion ? 

Une émotion est un ensemble de réponses automatiques à des situations extérieures. Il y a des réactions corporelles bien sûr : le cœur s’accélère, les poils se hérissent, le visage rougit, les mains deviennent moites, la sueur coule sur le visage, la voix s’enroue… Chacun de nous a déjà connu ces expériences, que ce soit lors d’un examen oral, d’une rencontre amoureuse, d’une humiliation ou d’un deuil…

De l’utilité des émotions

Toutes les émotions sont utiles et nécessaires. Positive ou négative, l’émotion dit quelque chose, c’est un bon indicateur. Ce sont de bonnes servantes, mais aussi de mauvaises maîtresses. Il est nécessaire de ressentir de la peur (pour évaluer un danger), de la colère, de la tristesse car cela concentre notre attention sur certains problèmes. Pourtant, il est important de ne pas se laisser écraser ou dominer par ces émotions. Dans ce cas, en effet, l’émotion devient préjudiciable, celle-ci ne joue plus son rôle de signal d’alarme, mais se transforme en émotion pathologique.

Une affiche sur les émotions pour comprendre la fonction des émotions -  Apprendre, réviser, mémoriser

Les émotions traitées dans le système limbique de notre cerveau.

Joie et dopamine

Pour mieux comprendre comment fonctionne la joie par exemple, partons d’abord de la question suivante : à quoi la sensation de plaisir est-elle due ? Les chercheurs Olds et Milner ont découvert, en 1952, que le noyau accumbens gérait la récompense et le bien-être : il reçoit des informations venues, entre autres, de l’aire tegmentale ventrale via un neurotransmetteur, la dopamine. Une fois activé, le noyau accumbens communique avec diverses parties du cerveau en libérant trois neurotransmetteurs :

  • la sérotonine pour l’euphorie ;
  • les endorphines contre la douleur ;
  • les endocannabinoïdes contre l’anxiété.
Colère : que se passe-t-il dans le cerveau ?

Lorsque nous ressentons de la colère, notre cœur s’accélère, notre respiration devient ample, nos muscles se contractent… Dans le cerveau, l’aire septale (noyau basal de Meynert, noyau antérieur du thalamus et corps mamillaires) s’active.

Un message est envoyé à l’hypothalamus médian qui va donner l’ordre de déverser dans l’organisme adrénaline, cortisol et testostérone. Hennig a montré, en 2004, qu’un faible taux de sérotonine est également lié à un comportement agressif.

La tristesse expliquée par la chimie

La tristesse est un moment de pause, d’analyse d’un moment difficile. Chimiquement, elle correspond à une baisse des enképhalines au niveau de l’amygdale. Un message est envoyé à l’hypothalamus qui déclenche une double action :

  • via le système sympathique, une libération d’adrénaline entraînant ventre noué et respiration accélérée ;
  • en parallèle, via le système parasympathique, l’acétylcholine et la noradrénaline sont déversées dans l’organisme, ce qui provoque larmes et prostration.

Le cœur, à la fois accéléré et ralenti, semble pris dans un étau..

La peur et le cerveau

Lorsque l’on prend peur, ce qui nous met en alerte transmet une information au thalamus du cerveau, puis à l’amygdale, principal organe de la peur. Là, un neurotransmetteur, le glutamate, prend le relais et déclenche une cascade de réactions dans la substance grise périaqueducale.

A ce stade, le cerveau doit prendre une décision: rester immobile, bondir? Pendant ce temps, l’information atteint l’hypothalamus qui contrôle le système nerveux. C’est le moment de mettre en branle l’usine chimique du corps: les glandes surrénales qui produisent le cortisol et l’adrénaline. Cette dernière accélère le rythme cardiaque, la pression sanguine et le rythme respiratoire. Sans parler d’un shot de glucose dans le sang tandis que le cortisol tient le système nerveux en éveil. Nous voilà prêts pour les trois stades de la réponse à la peur.

  • 1. L’immobilité face à l’approche d’un prédateur dans l’espoir de lui échapper.
  • 2. La fuite lorsque le danger devient trop imminent.
  • 3. La lutte lorsque la fuite ou la tentative de fuite a échoué et qu’il ne reste plus qu’à se battre pour se protéger.

Ainsi décomposé, l’effet de la peur dans notre corps apparaît à la fois plus palpable et nettement plus complexe que l’on peut l’imaginer a priori. D’autant que l’ensemble de ces réactions biologiques se produisent en un temps très court. Que se passerait-il si l’un des organes essentiels de cette chaîne ne fonctionnait pas? L’amygdale par exemple?

Les chercheurs ont pu observer le cas d’une femme dont l’amygdale ne fonctionnait pas. Résultat: la peur lui était étrangère.

Les émotions en image

Emission du 22 mai 2013 – C’est pas sorcier
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