Cathy ASSENHEIM, psychologue clinicienne avec une spécialisation en neuropsychologie, a consacré son ouvrage « Mon cerveau est hyper » au fonctionnement cérébral des « hypers ». Par cette appellation , elle regroupe les hauts potentiels et les hypersensibles qui ont en commun un fonctionnement cérébral spécifique. Même si elle rappelle que tous les hauts potentiels ne sont pas hypersensibles et inversement… Elle apporte une vision physiologique de ce mode de fonctionnement cérébral… Décryptage…

Un cerveau « hyper » possède les mêmes circuits cérébraux que la plupart des gens mais ceux-ci fonctionnent différemment dans certaines régions du cerveau. L’intensité neuronale y est plus intense. Les neurones sont en grand nombre et très connectés, ce qui permet une circulation plus rapide des influx nerveux. Le cerveau fonctionne donc plus et plus vite.
Dans le cas du cerveau d’un HPI (Haut Potentiel Intellectuel), ce sont les zones cognitives qui sont suractivées et dans le cas du cerveau d’un hypersensible, ce sont les régions responsables des émotions et des perceptions sensorielles.
Le cerveau étant particulièrement stimulable, il a structurellement plus de réactions au stress que la plupart des gens. Ce qui permet une grande réactivité cérébrale face à un danger. Mais quand ce stress s’accumule et face à une sur-sollicitation, peut s’installer alors une anxiété et un risque de saturation cérébrale. D’ailleurs, en cas de stress trop fort, ce type de personnalités subit des déconnexions cérébrales de l’hémisphère gauche, ce qui créé des troubles de la mémoire ou de la concentration.
L’hémisphère du cerveau qui est sur-investi chez les « hypers »est le droit. A noter que pour atteindre un objectif, le cerveau va activer soit l’hémisphère droit, soit l’hémisphère gauche. Quand un hémisphère s’active, l’autre se met en veille. Ils ne peuvent pas être dans une activation intense simultanée. 60% de la population a une dominante gauche, dite typique car majoritaire. La dominance droite activée par les « hypers » est donc considérée comme atypique. Elle permet particulièrement de mobiliser l’intuition et la créativité.
Par ailleurs, ce cerveau « hyper » qui tourne plus et consomme plus d’énergie peut conduire à :
- une fatigue « de fond », une fatigue nerveuse,
- des déséquilibres énergétiques,
- des anémies en fer caractérisées par des vertiges et de la fatigue ( le cerveau est très vascularisé et c’est le fer qui transporte l’oxygène au cerveau…),
- de l‘hypoglycémie et des compulsions sucrées pour compenser (le cerveau est un grand consommateur de glucose).
Cette sur-activité cérébrale implique d’autres phénomènes physiologiques qui sont à prendre en considération pour adapter nos comportements et accompagner au mieux ce surplus d’énergie :
- une intensification du système nerveux de l’action (système sympathique) pour faire face et s’adapter.
- un endormissement parfois difficile,
- une tendance à être toujours dans l’action, qu’elle soit physique ou mentale (ruminations notamment) avec les tensions associées (palpitations, céphalées, tensions cervicales et lombaires, ballonnements, crampes…),
- surproduction de cortisol, « hormone du stress » et d’adrénaline « hormone des sensations fortes » pour répondre au stress et qui débouche sur des crises de panique. Une trop grande sécrétion de ces hormones installe un fond d‘anxiété.
- déficience en sérotonine « hormone du calme et du bien-être » qui peut être génétique dans les familles hyper. Mais le taux de sérotonine peur aussi être affaibli par un stress chronique. Les nerfs sont alors à vifs… A noter que cette hormone agit aussi sur la régulation alimentaire. C’est elle qui donne la sensation de satiété, d’avoir mangé suffisamment. Un déficit en sérotonine peut aussi provoquer des compulsions sucrées et empêcher d’accéder à un sommeil récupérateur.
Il importe alors pour ce type de personnalités de s’octroyer des moments de récupération et de trouver des outils pour ne pas subir et accroître le stress, l’anxiété et par là-même le risque d’alimenter cette « fatigue de fond », qui peut mener au burn-out.